« À FLEUR DE PEAU Mémoire d’un défilé éphémère »
à Belle Rive
du 3 août au 6 septembre 2023
Karine Saporta et la dentelle
Photographies Karine Saporta. Exposition à Belle Rive en avant première du Musée des Beaux-arts et de la Dentelle d’Alençon
La chorégraphe photographe Karine Saporta imagine tout spécialement pour le Musée des Beaux Arts et de la Dentelle d’Alençon une série de réalisations visuelles inspirées des motifs présents sur les pièces de dentelle de la collection. Farouche admiratrice du travail des dentellières, elle rêvait depuis longtemps de célébrer leur talent et de leur consacrer une œuvre.
A ce sujet elle écrit :
« L’art de la dentelle ressemble infiniment aux deux pratiques qui sont les miennes : la danse et la photographie.
A l’instar de la photographie, les effets d’ombrage et de transparence sont un des sujets majeurs du travail de la dentelle. La clarté dialogue avec l’opacité pour créer un langage. Le nombre de variantes constituant la technique des dentellières font le raffinement de ce langage.
A l’instar de la danse, chaque œuvre de dentelle est une architecture fluide reposant sur un savant traitement de la relation entre le plein et le vide. Remplis, point à trou, rempli-gaze claire etc. toutes ces appellations techniques rappellent, s’il en était besoin, que la réussite d’une pièce, repose sur le subtil équilibre entre ce qui est et ce qui n’est pas.
Le travail de la dentelle défie le néant.
Entre présence et absence… de la matière tout se joue au moment de la fabrication d’une pièce de dentelle. Si l’espacement des points règle la densité de la présence, le fil des dentellières dans la phase de création du « réseau » borde les zones d’absence. Les « brides » structurent et fractionnent le néant.
Une fois l’ouvrage achevé, cette savante partition des vides et des pleins explique la dimension symbolique propre à l’art de la dentelle. D’elle dépend l’alternance de ce qui masque et de ce qui révèle.
L’art de la dentelle est un langage.
Plus encore, l’art de la dentelle renvoie à l’origine-même du langage.
En effet, selon Freud, c’est précisément à travers ce jeu entre disparition et réapparition (à la vue) Freud élabore, après avoir observé son petit-fils jouant à faire apparaître et disparaître une bobine sous un lit, vient l’art de la dentelle est un langage. Plus encore, l’art de la dentelle renvoie à l’origine-même du langage. que se construit dés la petite enfance l’accès au langage. La théorie du Fort-Da (parti-revenu), que débusquer la racine-même du registre symbolique. C’est dans la représentation de l’absence et du retour de la présence (de la mère) que celui-ci se constitue. Au même moment que se structure le rapport au manque, c’est-à-dire… au désir.
L’art de la dentelle est vertigineux dans ce qu’il contient de toujours potentiellement érotique. A travers ce jeu où la frustration et l’assouvissement du … Qu’il s’agisse d’une peau nue ou …d’une maison dont l’intérieur se soustrait au regard de la rue… »
Des photographies inédites signées Karine Saporta
Dans une scénographie inspirée des coulisses d’un défilé de mode, l’exposition contiendra une vingtaine de photographies grand formats et autant de petites miniatures.
Entre peinture et haute couture, les photographies donneront à voir une série de parures dessinées sur la peau des danseurs. Empreintes ou tatouages, ces pièces uniques conçues pour être photographiées constituent autant de visions éphémères propres à sublimer les volutes et autres arabesques présentes sur les éléments de la collection du musée choisis.
Peints le plus souvent en noir et rouge, sur une peau uniformément blanchie à la mode japonaise : les costumes éphémères imaginés par Karine Saporta présentent une version inversée et comme en négatif du modèle de dentelle. Toutes les lignes de fil blanc constituant la pièce textile sont ici remplacées par des ligne sombres.
Pour ce projet d’une extrême sophistication, Karine Saporta s’est adjoint la collaboration d’une maquilleuse spécialisée japonaise : Junko Murakami. De manière à exalter tout à la fois la précision et la minutie du trait, les pinceaux créés tout spécialement sont fins.
Karine Saporta a souhaité sublimer ici, avec le style qui la caractérise, la sensualité inhérente selon elle à l’art de la dentelle. Chaque photographie fait référence à une pièce particulière des collections du musée. Cette pièce est représentée à côté de l’œuvre inédite. Ainsi au fil des épisodes photographiques, le visiteur pourra découvrir ou redécouvrir la richesse et la diversité des thèmes illustrés par les dentellières d’Alençon.