Les Petites Pièces Créoles
Création chorégraphique de Karine Saporta
Hangar 107 – 107 All. François Mitterrand, 76100 Rouen
Dimanche 9 mars 2025 16h
Évènement Facebook :
https://www.facebook.com/events/979559784267296
Photographies Tristan Jeanne-Valès ©
Pour cette première performance inaugurant un nouveau partenariat entre le Hangar 107 et BELLE RIVE – Espace d’art et Maison de la Photographie Normandie, Karine Saporta s’inscrit dans une exposition actuellement installée au Hangar 107 entièrement consacrée à l’art textile. D’où le choix de la chorégraphe de montrer des extraits de sa création Les Petites Pièces Créoles où les spectaculaires costumes et coiffes en papier blanc sont de véritables chefs-d’œuvre. Ceux-ci habillent les danseuses du spectacle qui interprètent des pièces chorégraphiques créées par Karine Saporta pour la Scène nationale de Fort-de-France en Martinique autour des métissages à l’origine des traditions créoles.
Au premier coup d’œil, on pourrait soupçonner que les impressionnants costumes en papier aient été dessinés avec des moyens numériques. En réalité, ils ont été réalisés minutieusement avec pour seuls outils des cutters et de la colle. Ils représentent une véritable réincarnation d’un savoir-faire artisanal et populaire. Démontrant une éblouissante technicité, leur réalisation repousse de manière surprenante les confins de la sculpture en papier contemporaine. Leur référence à l’histoire des coutumes vestimentaires à travers les âges et les régions du monde procède d’une connaissance approfondie de l’histoire du vêtement. En effet, Karine Saporta, en matière de rythmes, de danses mais aussi de costumes s’intéresse aux savoir-faires ancestraux. Ces savoir-faire ancestraux sont devenus des sources d’inspiration inépuisables pour la chorégraphe consciente de la science et de l’ inventivité qu’ils contiennent.
C’est en accumulant des connaissances sur ces cultures populaires, dont elle dit qu’elles sont paradoxalement extrêmement « savantes », qu’elle fait avancer son inlassable quête d’innovation. Les costumes en papier blanc de ces « petites pièces créoles » en font l’éblouissante démonstration.
Le papier blanc, de par sa pureté, permet une réappropriation abstraite des données techniques héritées des époques révolues. Une déconnexion des signes esthétiques propres aux différentes cultures suscite le renouvellement à l’infini et comme en abîme de l’émotion. Car c’est aussi le sens dont les costumes rituels sont chargés qui fascine Karine Saporta. Leur contenu symbolique et narratif complexe. La dimension sémantique des motifs, des formes et des couleurs propres à chaque culture. Selon les régions du globe concernées le code sémantique, souvent extrêmement rigoureux, varie et régit avec une précision époustouflante ce qui peut sembler n’être qu’un feu d’artifice visuel purement plastique et abstrait.
Par son insatiable curiosité la chorégraphe a permis là l’irruption dans son répertoire d’éléments stylistiques innovants.
La prolifération éblouissante des détails, l’exubérance des formes, des structures, des brillances, des matières, restituées à travers ces volumes de papier blancs ouvragés avec virtuosité, font des costumes de ces « Petites pièces créoles » de purs chef d’œuvres. Chaque costume, entièrement fabriqué à la main, est unique et ne peut jamais être reproduit.