Description du projet
Création 1994
Le Thème de cette création provient d’une commande norvégienne. Tout d’abord, commande autour de l’auteur norvégien Henrik IBSEN … celle-ci devait aussi impliquer des artistes norvégiens et le travail devait avoir lieu en Norvège.
Ma volonté a été d’associer les danseurs français du Centre Choré-gra-phique National de Caen / Basse-Normandie aux danseurs norvégiens dans un travail qui prendrait place pour partie en Norvège et pour partie en France. Je savais dès lors que je n’échapperais pas à cette emprise du Nord sur ma sensibilité et je pris la décision d’aller au devant de cet inconnu, de cet échange-là …
Quant à IBSEN, envahie pour le souvenir du récit que m’avait fait mon père du “Canard Sauvage” lorsque j’étais enfant … je n’ai pu me résoudre à aborder d’autre texte que celui-ci. Cette pièce m’est apparue très vite si riche et si chargée de sens… que j’y trouvai bientôt le plus intéressant des univers d’IBSEN, pouvant entretenir une relation forte avec les miens.
Mais avant d’être une adaptation du “Canard Sauvage”, cette création demeure une pièce de chorégraphe … et je l’ai conçue, architecturée à partir de rêves et d’obsessions qui de longtemps … m’habitent.
Rêves de climats et d’atmosphères situées à l’extrémité de la Terre et du Temps, dans une nature et une lumière excessives …
… Ma rencontre avec le Nord et le surgissement du souvenir du thème du “Canard sauvage” les auront précipités…
Karine Saporta
Un grand rêve du nord
Je veux faire une légende de glace sculptée en forme de visages d’anges aux ailes de neiges, de gouffres blancs de l’âme, de banquises de verre
et de chairs translucides.
… Autant que de dépouilles de rennes, de peaux de bêtes étendues, de fumées chaudes et froides … Une légende de femmes esquimaux mi-sau-vages, mi-ani-males dans une immense cuisine en bois occupées à faire bouillir… l’esprit des bêtes.
Des sorcières du Nord, en quelque sorte.
Je veux raconter les déserts blancs barbares et archaïques où fuir… à l’infi-ni
Je veux parler du vide et du néant …
Je veux parler de la force invisible, intouchable … glacée
Je veux parler du glissement silencieux des corps sur les pentes de la blancheur.
Je veux montrer la légéreté de l’ange et du flocon fluide ….
mais aussi le glissement des lames, des skis sur la terre lisse et glacée.
… Je veux parler de l’extrêmité du monde et de la civilisation,
je veux par-ler d’un Nord étranger, fascinant et inaccessible.
Karine Saporta
Extraits de presse au sujet du spectacle :
“Karine Saporta joue avec art de la scénographie, du feu et de la neige. Son spectacle est un curieux mélange d’esthétisme sphistiqué, de mouvements répétitifs et de naïvetés qui réjouissent le public…”
René Sirvin – Le Figaro
“Le spectacle respir l’intelligente liberté de l’artiste, sa sensibilité – l’enfance et le rêve…. Jusqu’au finale, véritable symphonie pour un massacre avec bruits de bottes, cris mêlés, chasseurs et animaux. Chaque danseur est tour à tour chasseur ou chassé, ce qui donne lieu à une très belle danse de rodéo des neiges….On admire l’habileté avec laquelle Saporta recompose son récit, remplaçant la logique du discours théâtral par celui de la danse et des images, qui jamais ne suivent un ordre logique, ni même chronologique… L’oeuvre d’Ibsen devient un spectacle baroque où le point de vue de l’auteur, sorti de son contexte de lutte des classes, n’est pourtant pas trahi.”
Dominique Frétard – Le Monde
“Cette oeuvre, qui s’échappe sur la banquise, sur les terres enneigées, ou qui se réchauffe aux chaudrons bouillonnants des sorcières de légende, mêle chasse à l’animal et chasse à l’homme. Il ne s’agit pas d’une adaptation de la tragédie d’Ibsen, mais de la rêverie-cauchemar de la chorégraphe, très animale dans cette pièce….De feu et de glace, au coeur des contes cruels qui font trembler les forêts.”
Marie-Christine Vernay – Libération
Une production de Collage Dance Company, Oslo-Norway et du Centre Chorégraphique National de Caen/Basse-Normandie à l’initiative de Collage Dance Company pour la célébration de son 20ème anniversaire en coproduction avec : Théâtre de la Ville/Paris, Arsenal/Metz, Théâtre de Caen, Centre Culturel Français d’Oslo, Norway.